Et si les réseaux sociaux, ne nous rendaient pas heureux ?

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À l’heure où il est possible de recevoir des notifications sur sa montre connectée, où les réseaux sociaux brassent des millions d’abonnés, où l’on peut partager à tout moment et ce, avec tout le monde : quelles peuvent être les répercussions sur les internautes ?

Certains chiffres nous donneraient presque le vertige, 1,8 milliards d’utilisateurs sur Facebook, 500 millions d’abonnés sur Instagram ou encore 317 millions sur Twitter. Les réseaux sociaux ont encore de beaux jours devant eux selon ces statistiques publiés sur le compte du fondateur de Facebook de Mark Zuckerberg.

Photo publiée sur le compte de Mark Zuckerberg
Photo publiée sur le compte Facebook de Mark Zuckerberg.

 « There were as many people alive in 1918 as there are on Facebook today. Crazy! » – Mark Zuckerberg

Le succès de ces réseaux peut s’expliquer avant tout par le côté « social ». Outre le fait de pouvoir partager nos plus beaux selfies et d’écrire nos états d’âmes sur un « mur », il est possible, avant tout, de faire des « demandes d’amis » ou de s’abonner aux comptes des personnes qui nous sont chers, voire même, à de parfaits inconnus. Ces plateformes connectent les gens les uns aux autres quelle que soit la distance et c’est, peut-être, cela la magie des réseaux sociaux. Nous pouvons connaître presque en instantané les faits et gestes des gens qui nous entourent de par les informations qu’ils échangent sur ces réseaux. Des enquêtes démontrent que certains troubles peuvent se voir accentués par ce trop-plein de partage. Le syndrome FOMO (Fear Of Missing Out) a notamment été amplifié avec ces nouvelles technologies et certains chercheurs s’intéressent au lien qui pourrait relier réseaux sociaux et dépression.

Fomo, quèsaco ?

Les buzz sur internet sont générés à une vitesse folle et il est important de suivre si l’on ne veut pas paraître has been en parlant du « calcul challenge », alors qu’actuellement tout le monde ne jure que par le « mannequin challenge ». L’information est à portée de clic et elle se partage tout aussi vite. La peur de rater une information a un nom :  c’est le syndrome Fear Of Missing Out, également connu sous l’acronyme Fomo. Ce syndrome a notamment été amplifié par l’arrivée des smartphones qui nous permettent d’être connectés H24 sur nos réseaux sociaux préférés. Il est donc très tentant d’actualiser son fil d’actualité constamment à la recherche d’une publication toute fraîche. Une personne atteinte de Fomo éprouve un besoin irrépressible d’être au courant de tout ce qui se passe car elle a peur de rater une information importante. Elle va donc chercher à savoir ce que font les autres car elle craint de passer à côté de « l’événement de l’année » et de ce fait, passer un moins bon moment que ses amis. Cette anxiété peut ainsi créer une dépendance vis-à-vis des réseaux sociaux. Au quotidien, cela peut amplifier un sentiment de solitude, donner l’impression que la vie des autres est plus trépidante que la nôtre ou encore susciter l’envie.

Réseaux sociaux, source de dépression ?

On pourrait donc se demander si les réseaux sociaux ne pourraient pas être la cause de dépression pour certaines personnes. Des chercheurs de l’Université du Michigan se sont penchés sur la question et ont essayé d’établir un lien entre le fait de passer du temps sur Facebook (ou d’autres réseaux sociaux) et le sentiment de bien-être. Les résultats démontrent un lien entre ces deux variables :  le sentiment de bien-être diminuerait selon le temps passé sur les réseaux sociaux. Cependant, les chercheurs modèrent leur réponse. En effet, il est difficile de savoir si les gens sont déprimés car ils sont sur Facebook ou s’ils sont déprimés et vont sur Facebook afin de se sentir moins seuls. D’autres enquêtes ont également montré ce lien tout en étant aussi prudentes quant à la relation réelle entre ces deux faits. En 2014, une enquête de l’Université de Houston met en avant un nouvel élément : « la comparaison sociale » via les réseaux sociaux. Le phénomène de comparaison sociale n’est pas nouveau mais il semblerait que les réseaux sociaux puissent l’accentuer.

Grâce à ces différentes plateformes, nous avons accès à tout un monde d’informations concernant nos amis ou connaissances. Des informations que nous n’aurions peut-être pas obtenues dans la vie de tous les jours et nous sommes donc face à des opportunités toujours plus grandes de nous comparer les uns aux autres. De plus, ce système de partage constant à encourager l’autopromotion sur les réseaux sociaux. Les gens vont plus facilement partager des éléments renvoyant une image positive d’eux-mêmes. Entre nous, qui n’a jamais retouché une photo ou essayer de détourner un moment banal pour le faire paraître idyllique sur Facebook ? Tout le monde le fait à une certaine échelle. Le problème est que nous ne suspectons pas les autres de le faire également et allons donc nous comparer à une image erronée de la « vraie vie » des gens que nous suivons. La comparaison sociale pourrait donc expliquer les résultats obtenus dans les recherches précédemment évoquées.

L’envers du décor

Photographie réalisée par Champoo Baritone
Photographie réalisée par Champoo Baritone

Pour terminer sur une touche plus légère, une photographe thaïlandaise a immortalisé une série de clichés qui a fait le buzz. Elle expose l’envers du décor des photos qui nous semblent parfaites sur les réseaux sociaux, tout en montrant qu’il ne s’agit que d’un point de vue. Alors n’oublier pas de relativiser devant les postes des gens que vous suivez et que chacun partage ce qu’il veut bien montrer.

À lire ailleurs: 

http://www.forbes.com/sites/amitchowdhry/2016/04/30/study-links-heavy-facebook-and-social-media-usage-to-depression/2/#114804b7566e

http://letudiantautonome.fr/decryptage-facebook-social-depression-2003/

Sources:

Hephzibah. A. (2011). Never heard of Fomo ? You’re so missing out. In: [en ligne], URL: https://www.theguardian.com/commentisfree/2011/apr/17/hephzibah-anderson-fomo-new-acronym (consulté le 07 décembre 2016)

Kross E, Verduyn P, Demiralp E, Park J, Lee DS, et al. (2013) Facebook Use Predicts Declines in Subjective Well-Being in Young Adults. PLoS ONE 8(8): e69841. doi:10.1371/journal.pone.0069841, In: [en ligne], URL: http://journals.plos.org/plosone/article/file?id=10.1371/journal.pone.0069841&type=printable (consulté le 07 décembre 2016)

Steers & al. (2014). Seeing everyone els’e’s highlight reels: How Facebook usage is linked to depressive symptoms. In Journal of Social and Clinical Psychology, Vol. 33, No. 8 URL: http://faculty.coe.uh.edu/flopez/docs/Highliight%20Reels%20and%20Comparison.pdf (consulté le 07 décembre 2016)

(Source images: http://www.netpublic.fr/2015/09/reseaux-sociaux-en-2015-quelles-opportunites-pour-les-entreprises/ https://www.facebook.com/zuck?ref=ts&fref=ts http://www.boredpanda.com/truth-behind-instagram-photos-cropping-chompoo-baritone/)

(Source vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=zTnGnKywChU)

Auteur: Virginie Buffat


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