L’effacement du passé est essentiel au développement et intégration de l’individu ainsi qu’à la santé même de la société.
Le passé est permanent
Le passé est devenu permanent. Avant le développement de l’ordinateur et puis de l’internet en tant qu’outils d’enregistrement, stockage, organisation et diffusion de contenus; la majorité de notre vie se déroulait inaperçue et les quelques données que nous laissions derrière nous n’avaient qu’une diffusion limité et se perdaient facilement dans des montagnes de fichiers en papier.
Si l’enregistrement de données sur nous par des services publics et privés n’a rien de nouveau, l’ampleur des données collectées et stockées ainsi que les moyens pour accéder et analyser ces données ont été bouleversées.
La longévité, voir immortalité, d’historiques de dettes, confrontations avec la loi, troubles psychologiques, affiliations douteuses, commentaires provocateurs ou même de photos embarrassantes – pour ne nommer que quelques exemples de données collectées – risque de créer une classe de personnes stigmatisés définitivement. (Marx, 1988 dans Blanchette et Johnson, 2002)
Il faut laisser de la place pour un nouveau départ
« Par l’effacement de mémoires externes, la société permet à l’individu d’évoluer vers un temps nouveau, de pouvoir apprendre de ses expériences passés et de modifier son comportement en se perfectionnant. » (Kim, 2012)
Accorder un ‘nouveau départ’ à des enjeux non seulement au niveau individuel mais aussi pour la société qui devra prendre en charge ces individus qui perdent leur emploi ou n’arrivent pas à obtenir du crédit du fait de leur passé. Aussi, nous devons prendre en compte les défis que cela pose à la démocratie lorsque les membres d’une société ont constamment peur des conséquences de tout acte non-conformiste. (Blanchette et Johnson, 2002)
Et la place de la transparence?
Si l’engagement sociétal à oublier activement certains éléments du passé est clé au développement de l’individu et à la santé même de la société, le même peut être dit en faveur de la transparence.
« A world in which individuals are not held accountable over time for the consequences of their actions will not produce the sense of responsibility that is just as necessary to a democratic society. » (Blanchette et Johnson, 2002)
Parfois nous avons besoin d’être rappelés de nos erreurs et parfois c’est la société qui a besoin d’être rappelé de nos erreurs pour se protéger de nous. Dans les deux cas, il est clair que ce qui est personnel doit parfois devenir public dans l’intérêt général.
En somme, la rétention externe d’informations personnelles est dangereuse et doit être régulé. Cette régulation doit prendre en compte les enjeux de l’oubli et de la transparence pour les individus et la société.
A lire ailleurs: The Web Means the End of Forgetting
Sources:
- Jean-François Blanchette, Deborah Johnson, « Data retention and the panoptic society: The social benefits of forgetfulness », The Information Society, 18.1, 2002, pp. 33-45.
- Sung do Kim, « L’écologie déséquilibrante de l’oubli chez Homo Numericus », Netcom [En ligne], 26-1/2 | 2012, mis en ligne le 02 décembre 2012, consulté le 06 octobre 2015. URL : http://netcom.revues.org/680
(Source de l’image: https://pixabay.com/en/alcohol-hangover-event-death-drunk-428392/)
Auteur: Jimena Lazarte
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