Mardi matin, 20 août, c’est la rentrée scolaire. Madame Lamy demande comme chaque année à ses élèves de se présenter en indiquant quel métier chacun aimerait faire plus tard. Très rapidement, elle se rend compte que les réponses traditionnelles telles que : vétérinaire, coiffeuse, pompier ont disparu pour laisser place à des réponses étonnantes : « plus tard je serai Instagrammeur », « et moi, je serai Bloggeur », « moi aussi, je veux être Youtubeur ». Surprise, Madame Lamy comprends que les aspirations professionnelles des jeunes générations semblent avoir changé. Mais quelles sont ces nouvelles activités qui n’existaient pas il y a peu de temps ? Comment ont-elles pu devenir des choix de carrière autant populaire ? Peuvent-elles réellement être considérées comme des métiers ?
Influenceur qu’est-ce que c’est ?
Un influenceur est une personne qui, par son statut, son exposition médiatique et sa position, réussit à modifier les comportements et la consommation des individus. Au fil du temps, la définition d’influenceur est devenue plus complexe notamment avec l’apparition de la digitalisation. En effet, autrefois, l’influenceur était plutôt représenté comme une star, une notoriété publique qui se définissait comme un ambassadeur de marque. De nos jours, cette élite s’est élargie grâce à internet, laissant la possibilité à chacun d’entre nous de jouer le rôle d’influenceur authentique. Pour cela, il s’agit de se créer une communauté et une notoriété tout en collaborant avec des marques. Que ce soit dans le domaine de la cuisine, du maquillage, des vêtements, de la décoration, du bricolage et de la photographie, toutes typologies d’influenceurs sont permises.
Cette facilité d’accès et cette généralisation sont en grande partie la conséquence d’un nouveau mouvement des jeunes à vouloir entrer dans ce monde. Un monde dans lequel chacun peut développer son identité à travers sa passion et surtout autour d’une communauté fidèle et réelle.
Un métier ou phénomène de mode ? Quand influenceur ne rime pas avec glandeur :
Certains diront métier « à la con » ,« passe temps de riche », et d’autres métier d’avenir. Les contours de ce métier 2.0 reste encore imparfaits et flous. Etre influenceur n’est pas encore reconnu comme une profession en tant que telle. Pourtant, ils sont aujourd’hui devenus incontournables au sein des stratégies de communication des marques. Plusieurs entreprises mais aussi offices de tourisme et d’autres organisations requièrent leurs services et cela fonctionne. Et si en fait, influenceur était un vrai job ? Bien que cette activité paraît idyllique et simple, en réalité des heures de travail se cachent derrière : photographies, retouches photos, création de communauté, activité sur les réseaux sociaux, déplacements, horaires incertains, gestion administrative, etc.
Une chose est certaine, aujourd’hui très peu de personnes réussissent à gagner leur vie, beaucoup doivent exercer une autre profession en dehors de cette activité. Seule une petite partie, nommée major-influenceurs, réussit à en vivre.
Ainsi, nous pourrions affirmer qu’influenceur en tant que tel n’est pas un métier mais plutôt une activité qui permet de gagner une certaine somme parfois suffisante pour en vivre correctement. Et si cette profession avait toujours existé ? Si on analyse le passé, elle s’est simplement modernisée. Aujourd’hui, ce sont des indépendants qui grâce aux réseaux sociaux et à des collaborations avec des marques les mettent en avant pour gagner de l’argent. C’est une modernisation de la publicité, une nouvelle forme de communication qui, si l’on sait se démarquer, peut en devenir un métier.
Nouvelle forme de journalisme
Le journalisme traditionnel connaît une période de disruption délicate. Ce métier doit faire face à plusieurs défis contemporains, dont les influenceurs qui sont devenus très rapidement des concurrents directs. Les communautés ont de plus en plus tendance à accorder leur confiance aux influenceurs plutôt qu’à la presse. Aujourd’hui, grâce aux publicités sur Facebook et Instagram, les actions d’influenceurs marketing permettent un retour sur investissement non négligeable. La manière de s’informer a drastiquement changé, faisant des influenceurs des nouveaux leaders d’opinion à la fois authentiques, accessibles, en qui l’on peut avoir confiance et qui nous inspirent. Ces ingrédients créent une recette parfaite pour orienter l’opinion des individus.
Quel futur ?
De nombreuses personnes souhaitent se lancer dans ce monde sans en connaître réellement les risques. Ce « métier » qui semble idyllique et facile peut s’avérer compliqué et contrairement à ce que l’on croit, difficile d’accès. Aujourd’hui, il existe des milliers d’influenceurs proposant les mêmes idées, c’est pourquoi il est de plus en plus difficile de se démarquer et gagner des followers. Il est certain que dans les années futures, cette activité se développera et se transformera. Mais comment les influenceurs évolueront-ils ?
Une nouvelle concurrence est déjà présente sur le marché : des influenceurs en image de synthèse. Leur ressemblance avec les véritables influenceurs humains est troublante, tant psychologiquement qu’en apparence. Les avantages de ces influenceurs 3.0 ne manquent pas. En dévoilant leurs moments de bonheur mais aussi de faiblesses et de doutes, ils sont encore plus proches de leur communauté, une facette humaine encore plus réelle qui séduit les internautes. Ajoutons également leurs multiples compétences : possibilité de se dupliquer, de parler toutes les langues, de ne jamais être malade, ni de vieillir. Outre ces côtés positifs, c’est aussi financièrement que ces robots influenceurs deviennent de réels concurrents. En se passant des influenceurs humains, les marques pourraient être amenées à créer chacune leur propre influenceur virtuel. Alors les influenceurs vont-ils bientôt faire face au chômage de masse ?
Camille Bressan
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