Les attentats de Christchurch, survenus vendredi 15 mars 2019, orchestrés par un terroriste d’extrême droite remettent en question les valeurs et les comportements de Facebook ainsi que d’autres réseaux sociaux.
Rappel des faits
Le 15 mars 2019, à 13h40, heure locale, l’extrémiste de droite Brenton Tarrant débute son attaque dans deux mosquées de la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Son acte raciste aura fait 50 morts, lors de la prière du vendredi.
Evénement tragique, les caméras se tournent vers les réseaux sociaux, notamment Facebook et Instagram qui ont laissé les vidéos de la tuerie de masse accessible à tous.
Brenton Tarrant, auteur de la fusillade, portait une caméra portable sur son torse, dans le but de filmer ses exploits et diffuser en direct sur Facebook la vidéo du massacre qu’il était en train de commettre, par le biais de l’application LIVE4.
Digne d’un épisode de la dystopie « Black Mirror », la vidéo, longue de 17 minutes, est rapidement devenue virale. Celle-ci a fait le tour de monde, et a pu être visionnée par des milliers d’internautes. Premièrement sur Facebook, elle s’est ensuite répandue et a été partagée sur Twitter, Youtube, WhatsApp et Instagram.
La Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern attend des explications de Facebook et d’autres réseaux sociaux n’ayant pas réagi face à la diffusion de la vidéo.
Le Premier ministre australien Scott Morrison parle même de « coopération » de la part des réseaux sociaux avec la fusillade de vendredi. « …donc il y a des discussions très concrètes à avoir au sujet des capacités des réseaux sociaux ».
Le manque de réaction de la part de Facebook est vu pour certain comme un consentement aux actes haineux de l’extrémiste australien.
Mais qui est donc le fautif ?
La consultante au Counter Extremism Project, Lucinda Creighton, affirme que « la diffusion en direct de cette tuerie illustre de manière gravissime la manière dont des groupes ou des individus extrémistes peuvent exploiter ces plateformes ou réseaux sociaux ».
« Les extrémistes chercheront toujours des moyens d’utiliser des outils de communication pour diffuser leurs idéologies haineuses ». « Les plateformes ne peuvent pas empêcher cela, mais elles pourraient faire beaucoup plus pour empêcher que de tels contenus s’installent et se diffusent ».
Les modérateurs de Facebook affirment avoir supprimé la vidéo de 29 minutes après sa publication. Seulement 200 personnes auraient visionné la vidéo en Live, le reste des internautes y aurait eu accès grâce aux partages de celle-ci (soit un total de 1,5 millions de partages).
La question de l’éthique et la capacité des internautes à utiliser les réseaux responsablement a également été soulevée. Les images, similaires à un jeu vidéo, ont pu être mal interprétées et sorties de leur contexte principal.
Limite de leurs capacités ?
Il est habituellement reconnu que les réseaux sociaux ont un pouvoir indéniable sur ce qui peut être ou ne peut pas être visible. Cependant, cette fusillade et ce partage de vidéo remettent en question leur impérialisme. Comme évoqué par LIVE4 « Le flux n’est pas analysé, stocké ou traité par LIVE4, nous n’avons aucun moyen (même si nous le souhaitons) de regarder ces diffusions en direct au moment où elles se déroulent ou une fois qu’elles sont terminées ».
La responsabilité des contenus diffusés « incombe entièrement et uniquement à la personne à l’origine de ce stream »
La question se pose: devons nous restreindre la liberté des internautes ou celles des réseaux sociaux ?
Le 25 mars 2019 le CFCM (Le Conseil français du culte musulman) a porté plainte contre Facebook France et Youtube France pour « diffusion de message à caractère violent incitant au terrorisme ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine susceptible d’être vu ou perçu par un mineur ».
L’affaire est toujours en cours…
Fiona Perrissol
Webographie:
https://www.france24.com/fr/20190317-attentat-christchurch-facebook-affirme-supprime-million-videos-massacredernière consultation le 23.03.2019
https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/attaque-terroriste-en-nouvelle-zelande-les-reseaux-sociaux-pointes-du-doigts-810947.html dernière consultation le 25.03.2019
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