La gouvernance des algorithmes – la cas Cambridge Analytica

Les données, le big data est aujourd’hui un outil inévitablement utilisé dans diverses domaines, notamment dans celui de la politique. Nous avons tendance à nous en méfier, à percevoir cette utilisation comme une forme de manipulation. C’est ce que nous allons voir dans le cas du scandal de Cambridge Analytica.  

Société Cambridge Analytica

La société privée de communication stratégique et d’analyse de données Cambridge Analytica avait affirmé disposer des informations sur plus de 230 millions d’électeurs, ces données constituant l’essence même de leur activité.

La société a travaillé sur plusieurs campagnes, notamment celle de Donald Trump en 2016, étant affiliée au Parti Républicain aux Etats-Unis.

« Nous avons conçu un algorithme qui a montré les grandes villes où il y avait la plus grande concentration d’électeurs à convaincre » – avait expliqué Matt Ocwkowski, un responsable de Cambridge Analytica.

Ces données ont permis de générer des milliers de messages différents, ciblant les électeurs en fonction de leurs profils sur les réseaux sociaux comme Facebook, Snapchat ou encore la radio Pandora.

La société face à des accusations

Illustration des données prises par Cambridge Analytica

Après une enquête réalisée par le New York Times et The Observer, Cambridge Analytica aurait récupéré des données de plus de 87 millions d’utilisateurs de Facebook sans leur consentement, et s’en aurait servi pour élaborer un logiciel permettant de prédire et d’influencer le vote des électeurs, notamment celui de Donald Trump aux Etats-Unis et le vote en faveur du Brexit au Royaume-Uni.

« Le besoin pour les candidats de connaître des électeurs et leurs besoins n’est pas nouveau. Mais le recours aux algorithmes qui analysent des quantités massives de données fait qu’au lieu de s’adresser au plus grand nombre et de lancer des propositions, on essaie plutôt de capter des préférences à partir de données personnelles, ça transforme complètement la façon de faire la politique », estime Antoinette Rouvroy, chercheuse au Centre de recherche Information, Droit et Société du Namur Digital Institute.

Conséquence – la « politique algorithmique »

Toujours selon Antoinette Rouvroy, cette « compilation de besoins hyperindividuels » amène à des objectifs politiques qui sont très locaux, voire domestiques. Le programme politique n’est donc plus à l’image de toute la population, et n’est plus constitué de réels projets. De plus, les partis font usage de messages très ciblés, ce qui a pour effet de compartimenter la clientèle sans créer de message cohérent pour le plus grand nombre.

L’autre revers de la politique algorithmique est la disparition du besoin des espaces de discussion publics. Or dans une démocratie, ceux-ci peuvent être jugés comme essentiels pour être exposés aux opinions des autres et participer aux débats.

Nous pouvons donc conclure que la politique d’aujourd’hui se rapproche davantage du marketing. En effet, elle ne vise plus à convaincre avec des arguments rationnels mais à gagner l’adhésion plutôt avec des arguments émotionnels.

Donald Trump disant qu’il avait « raison » sur le terrorisme.

Donald Trump en est un exemple, car il fait énormément appel  au sentiment de la peur, notamment à la peur de l’autre.

 

A lire ailleurs:

(Source des images: https://www.thepressproject.gr/article/127966/Meta-to-skandalo-tou-Facebook-se-ptoxeusi-proxoraei-i-Cambridge-Analytica / https://www.alphr.com/politics/1008854/cambridge-analytica-facebook-what-happened / https://www.chron.com/news/nation-world/article/Donald-Trump-tweets-that-he-was-right-about-8082688.php#photo-10295837)

Auteure: Mathilde Moser


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